Un collectif de victimes demande réparation à l’Eglise catholique pour les « désastres » occasionnés par l’imposture du psycho-spirituel.

Lors d’une conférence de presse hier au Centre contre les manipulations mentales (CCMM), à Paris, sa présidente, Annie Guibert, a présenté Le livre Noir de l’emprise psycho-spirituelle, où s’expriment 17 victimes, dont certaines issues de la Communauté charismatique des Béatitudes.

« Ce livre est un signal d’alarme », a-t-elle lancé. « Ce n’est pas une attaque contre l’Eglise, c’est une interpellation. Nous lui demandons de cesser de cautionner les retraites de guérison spirituelle, ou « agapè ». Mais pas seulement : il faut qu’elle accepte d’en recevoir les victimes ». « Celles-ci et leurs familles sont fracassées. Il faut pouvoir les reconstruire sur le plan familial, social, psychologique, financier, religieux ».

Il y a un an, l’Episcopat s’était vivement prononcé contre le mélange des genres du psycho-spirituel, mais les sessions de guérison intérieure continuent de fleurir à l’ombre des monastères et jusque dans certains carmels.

Irrationalité

Pour Olivier Perru, frère des Ecoles Chrétiennes et universitaire, « on assiste à des divorces en masse, des fractures dans les familles, des accusations d’inceste, des suicides. A force de faux souvenirs induits, les victimes de ces manipulations mentales finissent par assimiler la fiction à la réalité ». « Outre la diabolisation des proches et du monde, ce qui frappe c’est l’irrationalité qui règne dans ces groupes et qui est contraire à l’Eglise », souligne Olivier Perru.

« C’est autant une injure à la psychologie qu’à la spiritualité », renchérit le Père Jean-Baptiste Tison, ancien des Béatitudes. « Pire qu’une imposture, c’est une entreprise monstrueuse, qu’il faut arrêter ».

« Cela fait 25-30 ans qu’on assiste à ces dérives », souligne l’avocat Daniel Picotin. « Malheureusement, l’Eglise ne semble pas avoir pris toute la mesure de la situation. Ce sont des problèmes qui ne sont pas traités, qui sont camouflés et qui finissent par exploser ».

Pour Murielle Gauthier, passée par les Béatitudes, la poursuite de ces pratiques s’explique par « le marché florissant du psycho-spirituel : les sessions de guérison intérieure coûtent entre 500 et 700 €». « C’est compter sans les « trentains », série de trente messes célébrées pour être délivrés et qui se montent également à plus de 500 €».

Source : Républicain Lorrain du 04/09/12